GUERRE COMMERCIALE : Donald Trump taxe 300 milliards de dollars de produits chinois de plus
lundi 05 août 2019, source : Investir, le Journal des Finances
S’il y a bien un reproche
dont nul ne peut
affubler le président
américain, c’est de
ne pas faire ce qu’il dit. Il a donc
fini, jeudi 1er août, par mettre sa
menace à exécution de taxer les
300 milliards de dollars de produits
chinois qui avaient jusqu’ici
échappé à son courroux. A partir
du 1er septembre, ces importations
seront donc taxées à 10 % –
taux qui pourrait être rapidement
relevé à 25 % –, et c’est donc
l’intégralité des produits importés
de Chine qui seront soumis
aux frais de douane américains.
« Cela n’inclut pas les 250 milliards
de produits déjà taxés à 25 % », a
bien précisé Donald Trump.
ÉCHEC DES NÉGOCIATIONS
Il faut dire que les deux jours
passés à Shanghai par le secrétaire
au Trésor, Steven Mnuchin,
et le représentant au Commerce,
Robert Lighthizer, les 30 et
31 juillet, n’avaient guère fait
avancer les négociations entre la
Chine et les Etats-Unis. Depuis la
trêve décidée par Donald Trump
et Xi Jinping en marge du sommet
du G20, à Osaka, fin juin,
c’était la première entrevue
entre les deux grandes puissances.
Une rencontre perturbée
par les déclarations intempestives
du président américain, qui
reproche à la Chine de ne pas
tenir ses engagements en
matière d’achats de produits
agricoles américains. Donald
Trump reproche aussi à l’empire
du Milieu de continuer de vendre
du fentanyl (puissant opioïde
responsable d’une crise sanitaire
sans précédent) aux Etats-Unis.
« Je pense que le président Xi veut
conclure un accord, mais, franchement,
il ne va pas assez vite ! » a
déclaré Trump. « Nous espérons
poursuivre un dialogue positif avec
la Chine sur un accord commercial
exhaustif et pensons que l’avenir
entre nos deux pays sera brillant ! »
a-t-il ajouté, expliquant que les
discussions se poursuivraient
malgré ces nouvelles hausses.
« Sauf que les Chinois ont toujours
déclaré qu’ils ne négocieraient pas
sous la pression, et cette décision
pourrait les conduire à abandonner
les négociations », redoute
Christian Parisot, économiste
chez Aurel BGC.
Ce sont désormais les biens de
consommation ( jouets, smartphones,
vêtements…) qui sont
visés par les nouvelles taxes, ce
qui devrait avoir un impact
direct sur les dépenses des
ménages américains, à l’heure
où ils se préparent à la rentrée
scolaire. « Le président Trump se
sert des familles américaines
comme d’un otage dans sa guerre
commerciale », a commenté la
fédération du footwear (chaussure).
De quoi mettre une pression
supplémentaire sur la
Réserve fédérale pour une politique
bien plus accommodante
que prévu (lire ci-dessus). Ce
n’est d’ailleurs peut-être pas un
hasard du calendrier si Donald
Trump a agi au lendemain de la
réunion de politique monétaire,
jugée décevante.
BAISSE DES RENDEMENTS
Si la baisse des taux n’est pas
parvenue à peser sur le dollar,
l’annonce de Donald Trump a
mis un terme à dix séances de
hausse du billet vert. La déclaration
sur les taxes a aussi provoqué
le plongeon de 8 % des cours
du baril de Brent, tandis que le
rendement des obligations américaines
à 10 ans a touché un
plus-bas depuis près de trois ans.
La guerre commerciale entre les
deux puissances avait débuté
début 2018, avec des taxes sur
50 milliards de dollars d’importations.
Plus tard dans l’année, ce
sont 200 milliards de plus qui
ont été concernés. Enfin, après
des négociations infructueuses
en mai dernier, Donald Trump
avait décidé de porter à 25 % les
taxes sur ces 200 milliards,
menaçant d’y ajouter ces
fameux 300 milliards de produits
qui n’étaient pas encore
taxés.
Cette nouvelle vague de tarifs
douaniers n’augure rien de bon
non plus pour le relâchement
des restrictions sur le géant chinois
des télécoms Huawei, qui
avait été concédé lors de la rencontre
entre les deux chefs
d’Etat à Osaka.
ET APRÈS : L’EUROPE
L’Europe est désormais dans le
viseur du président américain.
Cela fait plusieurs mois qu’il
évoque les importations de véhicules
et de composants européens
comme une menace pour
la sécurité nationale. Il souhaite
aussi une plus grande ouverture
des marchés européens au
boeuf américain. Le Japon fait
également partie de ses prochains
chantiers. - C. M.
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