La croissance mondiale victime de la guerre commerciale
mercredi 22 mai 2019, source : Les Echos
L’OCDE a revu à la baisse, à 3,2 %, ses prévisions de croissance mondiale pour l’année en cours.
l Les ratés du commerce mondial, qui ne progresserait plus que de 2,1 % en 2019, commencent à faire sentir leurs effets.
« Notre plus grande crainte est une
escalade des mesures commerciales
restrictives. » Au forum de l’Organisation
de coopération et de développement
économiques (OCDE),
mardi à Paris, son secrétaire général,
Angel Gurria, a mis en demeure les
leaders politiques de ne pas sombrer
dans une guerre commerciale
dévastatrice. Brandissant, comme
toujours, le rapport sur les perspectives
économiques de l’organisation, il
a souligné que l’escalade « est en
cours » et qu’elle sape une croissance
mondiale déjà peu vaillante.
De nouveau, l’OCDE a revu à la
baisse ses prévisions. La hausse du
produit intérieur brut mondial sera
cette année de 3,2 %. C’est trois dixièmes
de point de moins que ses pronostics
de novembre dernier. Pour
2020, un redressement à 3,4 % est
attendu, sans qu’il soit assuré si la
guerre commerciale devait s’aggraver.
Si les entreprises ne savent pas
sous quelles conditions de droits de
douane elles pourront vendre leurs
produits, elles n’investissent pas, a
alerté Angel Gurria. « Or, les investissements
font la croissance de demain.
Il est urgent de s’asseoir autour de la
table du multilatéralisme. »
L’activité américaine tient
La hausse de l’investissement devrait
en effet marquer le pas. L’OCDE prévoit
1,75 % par an sur la période 2019-
2020, contre 3,5 % par an environ en
2017-2018. La hausse des échanges
commerciaux atteindrait péniblement
2,1 % cette année après 5,5 % en
2017. « Nous devrions être à 7 % », s’est
emporté Angel Gurria.
Pour l’heure, la Chine ralentit et
les effets bénéfiques du plan de soutien adopté par Pékin ne sont pas
garantis. La hausse du PIB chinois
serait de 6,2 % cette année puis 6 %
l’an prochain. Comme l’a précisé
Laurence Boone, l’économiste en
chef de l’OCDE, si la demande chinoise
reculait de 2 % sur les deux
prochaines années, le PIB mondial
serait amputé de près de 0,8 point
de pourcentage du fait d’une baisse
des exportations vers ce pays. Le
PIB américain serait relativement
épargné. Mais ceux du Japon, de l’Asie de l’Est et des pays exportateurs
seraient bien plus affectés.
Dans l’immédiat, l’activité américaine
tient. La croissance des Etats-
Unis est prévue à 2,8 % cette année
avant de décélérer à 2,3 % en 2020,une fois que les mesures de relance
fiscale de Donald Trump arriveront à
leur terme. En Europe, la faiblesse
persiste. L’OCDE crédite la zone euro
d’une croissance de seulement 1,2 %.
L’Allemagne (0,7 %) et l’Italie (stagnation)
sont plus pénalisées par les vents
mauvais du commerce que la France
dont le PIB grimperait de 1,3 %.
Plus de dix ans après la crise de
2008, l’OCDE pourrait se réjouir de la
baisse continuelle du chômage. C’est
un coussin de sécurité pour la
consommation future, remarque
Laurence Boone. Reste que les
emplois créés sont de faible qualité et
faiblement rémunérés, a souligné
Angel Gurria. Des efforts sont nécessaires
pour améliorer le sort des salariés
défavorisés pour qu’ils s’intègrent
mieux dans une économie de
plus en plus numérisée et demandant
de plus grandes qualifications.
C’est un enjeu majeur pour l’avenir.
L’investissement dans les infrastructures
en est un autre. Environ
une entreprise sur deux n’investit
pas en raison des obstacles constatés
au niveau des infrastructures numériques
ou de transport. Certains pays
européens disposant de marges de
manœuvre budgétaire – Allemagne
en tête – feraient bien de s’atteler à ce
chantier, prône l’OCDE. Face à ce
tableau contrasté, certains évoqueront
le verre à moitié vide ou à moitié
plein. Seule certitude : « Il nous faut
éviter la complaisance à n’importe
quel prix », a lancé Angel Gurria
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